1. Quel concert as-tu eu le plus de mal à photographier et pourquoi ?
Sans aucun doute Squarepusher. Ce fut l'un des premiers concerts que j'ai eu l'occasion de photographier en tant que photographe officielle de l'AB. Je suis entrée dans la salle un peu stressée. Après une longue série d’encouragements, Squarepusher a entamé son set. Impossible apparemment d'échapper à la déferlante de strobe lights. Le masque lumineux qu’arborait l'artiste pour cacher son visage n'a pas vraiment aidé à rendre les photos (ni même le concert) plus personnelles. Je n'ai pas essayé de persévérer dans la prise de vues, car la seule chose qui m'est venue à l'esprit après le troisième morceau, c'était : « Attention à la crise d'épilepsie ! ». Ce n'était peut-être pas mon truc.
2. En quoi trouves-tu la photographie de concerts difficile ?
Il y a quelques mois, j'aurais dit que l'on est toujours tributaire du type de lumière utilisée lors d'un concert. Maintenant, je dirais que l'on doit faire avec les moyens du bord et que si la lumière n'est pas bonne, il faut savoir exploiter la situation. C'est évidemment plus facile lorsque le sujet baigne dans la lumière, mais c'est aussi dans ce genre de concerts que les photographes ressortent tous avec plus ou moins les mêmes photos. Ce que je trouve particulièrement compliqué dans la photographie de concert ne relève pas de la technique mais plutôt du mental. C'est surtout l'attente avant et entre les concerts que je trouve difficile. Arriver à l'heure est aussi un aspect négatif, alors que c'est très important pour être bien placée.
3. Quelle est ta meilleure expérience jusqu'à présent ? Ton meilleur moment à l'AB ?
Être la photographe officielle de l'AB est déjà, en soi, une formidable expérience. Mais mon meilleur moment à ce jour, c'est Tame Impala. Depuis mes 14 ans, je tiens une liste des groupes qu'il me faut avoir vus au moins une fois. Tame Impala en faisait partie et je peux désormais les rayer de ma liste. Tous mes amis fans de musique étaient là aussi, ce qui rend l'attente, le fait de danser, de chanter faux et le handbanging dix fois plus sympa. En avril, ce sera au tour de Black Rebel Motorcylcle Club de venir à l'AB. Un autre nom que je pourrai bientôt rayer de ma liste.
4. Quel concert as-tu le plus apprécié ?
Lorsqu'un groupe ne m'est pas familier et que je décide quand même de rester après les trois premiers morceaux, c'est que je viens de découvrir quelque chose de chouette. C'est ce qui m'est arrivé avec Patrick Watson. J'ai été conquise dès le soundcheck. Watson et sa clique enchaînent les chefs-d'oeuvre. Ils ont débuté d'emblée par la seule chanson que je connaissais d'eux, 'Lighthouse', qui est aussi leur titre le plus connu. Cela montre, selon moi, qu'ils sont sûrs de leur coup et qu’à partir de là, ils comptent bien offrir un set passionnant tout du long. C'est ce qu'ils ont fait d’ailleurs ! Quand ces charmants Canadiens ont poussé le public à interpréter une version acoustique de 'Man Under The Sea', ce fut un moment magnifique. Le genre de moment qui fait chaud au coeur.
5. De quelle photo es-tu la plus satisfaite jusqu'à présent ? Et pourquoi ?
Une photo du concert de Chris Isaak. Rien qu’avoir la chance de voir Chris et son groupe en live me remplissait déjà de joie. J’ai choisi une photo que j'ai volontairement travaillée en noir et blanc. Elle est intemporelle, à l'image de Chris Isaak. Et c'est la preuve que la lumière ne doit pas nécessairement être idéale pour réaliser une photo habitée. Je suis surtout fière d'avoir pu rendre ce moment-là en image.