Où il est question du Tour des Flandres, d'oreillettes, de monologues et de musiciens comme accessoire visuel. Ou encore des coups de massue assénés par Fuck Buttons et de la véritable révélation Mount Eerie.
Oreillettes…
Le Tour des Flandres est roi en ce jour de Domino où la musique alternative est mise à l'honneur. Votre serviteur se sent déjà envahi par un sentiment de béatitude, en sachant que, tout au long de la journée, pas moins de 1500 spectateurs vont se repaître d’une musique qui est loin d’être évidente. Mais il est aussi confronté à un phénomène qui lui est totalement étranger : le Tour des Flandres.
Je vois partout des laptops qui, grâce au wifi, suivent en direct le Tour des Flandres. Même derrière le bar, on suit discrètement la course. Alors que je m'en vais saluer Tomàn, tout le groupe est pareillement scotché à l'écran d'un laptop. Franchement, je ne comprends rien aux courses cyclistes. Je pensais que seuls les musiciens avaient des in ears mais il semble que ce soit également le cas des cyclistes depuis pas mal d’années. Si je peux permettre, avez-vous déjà vu des pêcheurs, des adeptes du « lancer de nain » ou des lanceurs de marteau avec des oreillettes ? Même le champion olympique Frederik Deburghgraeve n'a jamais été vu avec une oreillette. Pourtant, il était aussi musicien au sein du groupe Crush. On pourrait toutefois penser qu'ici la logique a été respectée, Crush étant le pire qui soit arrivé à la Belgique sur le plan musical.
On murmurait, dans les couloirs, qu'il pourrait s'agir du dernier concert de Tomàn. Messieurs ? « Euh, on n'en sait rien, on sait juste qu'on arrête de jouer le dernier album. » Ok, c'est d'autant plus clair.
Ce sont leurs intrigants morceaux sur MySpace qui nous ont incités à programmer Three Trapped Tigers, et non leur prestation à l' Eurosonic en début d'année. Cette dernière avait été complètement minée par un son pourri. Le temps de prendre leur revanche était donc venu et c'est ce qu'ils ont fait. Le seul problème c'est que nous avions déjà eu l'occasion de voir Battles sur scène, à de nombreuses reprises… Le genre de concurrence qui vous fait naturellement vite de l'ombre.
Le groupe des patronymes.
Un nom, ça vous façonne un groupe. Regardez plutôt : de Overbergh à Mount Eerie (désolé, je commence à fatiguer après plusieurs jours de Domino)… J'ai découvert Mount Eerie (alias Phil Elverum) sur le tard grâce à Eppo Janssen, le programmateur de l'émission Duyster, qui voulait étoffer ma collection de disques. Me fiant à la pochette de l’album, je n'avais pas voulu acheter son ‘Wind’s Poem’ l'année dernière, convaincu qu'il s'agissait d'une énième album du label Constellation. Raté, donc.‘Wind’s Poem’ a immédiatement atterri dans mon top10 de 2009.
Mount Eerie était – comme annoncé – accompagné d'un groupe de musiciens qui comptait deux batteurs. Mais ce qui retenait plus particulièrement l’attention ce soir-là, c’était un étrange joueur de basson dont l'instrument n'était pas amplifié. Il était, de ce fait, inaudible. Phil? “Ah, the fagot player was just a visual element in the show”. J'aurais pu poursuivre la conversation à partir de là mais mon côté fan reprit éhontément le dessus.
Overbergh: “Hey Phil, I bought Wind’s Poem last year and became instant fan.”
Mount Eerie: “Ah, ok.”
Overbergh: “And I just bought your ‘Black Wooden’ album in the ‘Latitudes’-series too!”
Mount Eerie: “Ah, ok.”
Overbergh: “And I just bought your musical diary ‘Dawn. Winter Journal’ that you’ve written in Norway…” et j'embrayai en racontant mes multiples voyages en Norvège...
[3 minutes plus tard…]
Mount Eerie: “Ah, ok.”
Cela ne m'arrive pas souvent mais c'est mon côté fan qui l’emporta une nouvelle fois … Je ne voulais absolument pas rater Fuck Buttons … et partis en courant … “See you around Phil”. Phil: “Ah, that won’t be before 2011”… “Ah, ok!”…
Fuck Buttons
On avait vu Fuck Buttons pour la première fois en 2007 alors qu'ils avaient été invités par Portishead à l’affiche du All Tomorrow’s Parties (UK). Cela les avait directement menés à un premier show en Belgique à l'ABClub en 08. Par la suite, on les avait encore vus dans le cadre du festival Iceland Airwaves et on est toujours aussi accro à leur noise aux accents pop et dansants. Que dire d’autre que « génial » ? Ce show, c'était tout simplement de la balle. Point barre.
Ce jour-là, je croise également plusieurs fois 65daysofstatic dans la journée. Eux aussi se souvenaient encore de leur dernier passage à l'AB en 2006 aux côtés de Mogwai et Wolf Eyes. A chaque fois que je les croise, il y a toujours un membre du groupe pour me dire : “Hey we should drink something together afterwards in the bar”. Promis, mais je sais que j'ai encore quelques jours à tenir et je m'éclipse discrètement à l'issue de leur prestation explosive.
Le jour suivant, j'apprends que les 65 et Fuck Buttons ont joué les prolongations jusqu'aux petites heures. J'ai donc été bien inspiré de rentrer tôt à la maison.
Il reste encore deux jours à tenir et comme je suis fan de ASIWYFA, j'ai envie d'être frais pour les entendre !
Photos: Mich Leemans